Subir un abus, que ce soit une agression physique, verbale, ou sexuelle, qu'elle qu'en soit l'intensité, est un évènement traumatisant qui plonge l'enfant, l'adolescent ou l'adulte dans le vide et la sidération.
La victime d'abus est pour un temps plus ou moins long dépossédée d'elle-même. L'agresseur lui a volé une part de son énergie, de sa paix, de sa raison, de sa vie. Ce qui aide quelqu'un à reconstituer son énergie, à dépasser l'abus, est un autre qui voit que quelque chose ne va pas, et va parler à l'enfant, l'adolescent, l'adulte.
Voir l'autre en difficulté, diminué, prendre sa responsabilité de quelqu'un qui peut aider, aborder, parler, est souvent vital pour une personne agressée.
L'abus est le plus souvent visible, mais tout le monde ne veut pas voir. Souvent j'entends parler de parents, de mères même, qui se terrent dans le silence au lieu de porter secours à leur enfant.
Le déni de l'abus est une autre forme d'abus qui enfonce la victime encore plus. Dans la même trempe, combien d'enfants, d'adolescents, d'adultes qui ont dénoncé leur agresseur, se sont entendus répondre: "mais pourquoi n'as-tu rien dit plus tôt?"
Au lieu d'accueillir la victime et de se mettre à son service, c'est lui faire porter une faute, en se dédouanant de ne rien avoir voulu voir ou
dire soi-même.
En état de sidération il est difficile de mettre des mots sur l'abus, de savoir que l'on a subi de la violence, que quelque chose ne tourne pas rond et que l'on est victime d'un agresseur.
Reprocher de ne pas en avoir parlé est une deuxième forme d'abus ; cela aggrave l'état de la personne agressée et lui fait porter un chapeau injuste.
Qu'il y ait des abus est une chose ; que l'on nie ces abus empêche leur guérison.
Je voulais rendre hommage ce soir, à mes Amis disparus qui ont subi des traumatismes physiques, sexuels.
Femmes et Hommes qui je l'espère ont trouvé la Paix.
Aux Patients qui sont venus me voir, je vous remercie pour votre confiance.
Hélène
